La mine PILOU (POUM)

C’est tout un pan de la riche histoire minière du Nord calédonien mais aussi de l’histoire pénitentiaire de la Nouvelle-Calédonie que nous avons prévu de (re)découvrir avec une visite consacrée au vestiges de la mine PILOU (Arama, Commune de POUM).

Cette mine de cuivre impressionne par le nombre de vestiges existants, témoins agonisants d’une installation faite à l’origine pour durer. Et pourtant sa durée d’exploitation en trois temps a été relativement courte à l’échelle d’une vie :

  • entre 1886 et 1891 par la Société des mines du Nord de John Higginson. L’exploitation se fit à ciel ouvert dans un premier temps puis par forage par carottage sous l’impulsion de l’ingénieur Louis Pelatan (le gendre de Higginson). Afin d’assurer la fusion du métal sur place plutôt qu’à Pam, on construisit des hauts-fourneaux en 1889, peu avant la cessation d’activité de la mine en 1891.
  • Entre 1897 et 1902 par une Société anglaise, l’International Copper Corporation Ltd qui reprend l’activité. Cette société emploiera les grands moyens en construisant des ateliers gigantesques et en installant de la machinerie moderne peu ou pas utilisée engendrant des coûts de production importants, ce qui conduira cette société à la faillite.
  • En 1907, les héritiers Higginson reprirent le flambeau avec la Société Calédonienne des Mines. On remit les installations en état de marche et on reprit l’activité durant quelques années. La chute des cours de cuivre entraînera la fermeture définitive de la mine en 1931.

Notre visite commence par ce qui reste de la grandiose maison du directeur

Nous passons devant une maison de la direction où logeait l’ingénieur

avant d’arriver à la plateforme supérieure où se trouve une des trois cheminées (la seule qui reste) à côté d’un tunnel désormais inaccessible. A proximité, le puits principal d’extraction (profond de 165 m) est protégé par une barrière de sécurité et caché sous la végétation. En sous-sol subsistent, nous ne savons pas dans quel état, les galeries latérales d’excavation.

De l’usine d’enrichissement du minerai, il ne reste qu’un four à double foyer..

…ainsi que d’imposants contreforts de maçonnerie en terrasse et une cuve de carburant.

Au niveau inférieur, se trouvent la zone de stockage et les bassins de lavage et de broyage du minerai

Il reste peu de traces des ateliers de réparation des machines et du train, sinon des fondations que nous n’avons pas su identifier. De fait, nous n’avons pu localiser exactement les bureaux et l’administration, les ateliers, l’écurie, de même que les logements des personnels civils.

Seule la boulangerie et son four témoignent de la vie de tous les jours.

Les briques qui constituaient l’ossature des constructions en dur ont été importées d’Australie avant d’être fabriquées sur place

Il faut traverser le creek Pwac Pilu (qui a donné son nom au site) et son écoulement d’oxyde de cuivre…

en passant devant la célèbre « fontaine » d’eau oxydée…

… et remonter une pente abrupte pour accéder au pénitencier avec les cellules et les habitations des gardes-chiourmes. Au cours de son activité, Pilou a été la seule mine du territoire entièrement construite (bâtiments et chemin de fer) et exploitée par les bagnards avec un encadrement civil. Une fois leur journée de travail achevée dans des conditions de travail harassantes et un traitement parfois inhumain, ces derniers étaient enchaînés dans la prison collective ou dans les cellules individuelles côté Est.

Nous redescendons et revenons au niveau où se situait la plateforme de la voie ferrée.

Le minerai de cuivre des mines AO (en amont) et PILOU était en effet acheminé par chemin de fer vers le Diahot. La ligne mesurait plus de 8 kilomètres et comptait de nombreux ouvrages : un tunnel de 50 mètres et plusieurs ponts entre AO et PILOU et plusieurs ponts et ballasts surélevés pour traverser les marécages entre PILOU et PORT PILOU dans un premier temps (parfois recouverts à marée haute) puis, dans un second temps, en direction de la pointe DILAH où une usine de fusion avait été construite entretemps pour produire des mattes de cuivre, plus rentables que l’exportation de minerai brut.

Nous n’avons pas pu remonter la ligne jusqu’à la mine AO : le parcours est très encombré et dégradé. Néanmoins, le tracé entre PILOU et PORT PILOU reste encore visible dans les marais où subsistent des vestiges de ponts et le sous-bassement des rails.

Nous quittons ces lieux avec des sentiments mêlés de compassion pour les personnes qui y ont travaillé dans des conditions difficiles (personnels civils) voire inhumaines (surtout les forçats) et de tristesse de voir ces vestiges subir les outrages du temps dans l’indifférence et disparaître sous les brousses et les cerisiers de Cayenne…

Pour en savoir plus sur l’histoire de la mine PILOU :

  • Le Mémorial du Bagne calédonien de Louis-José Barbançon
  • OUEGOA : Au pays des Wegs, le passé en héritage de José Raillard
  • Les Rails Calédoniens 1892-1953 de Jean Rolland
  • Les publications de la Société d’Etudes Historiques de Nouvelle-Calédonie
  • L’Encyclopédie de la Nouvelle-Calédonie (épuisé)
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